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La Rage animale

  1. Situation sanitaire au niveau national

La rage est une maladie enzootique au Maroc depuis plusieurs décennies. Elle se répartit sur presque tout le pays avec des degrés variables. Le chien constitue le vecteur et le réservoir principal (31% des cas) et est à l’origine de toutes les contaminations rabiques. Les bovins constituent la première victime des morsures des chiens, suivis des équidés. Une moyenne annuelle de 391 cas de rage animale (toutes espèces confondues : 2000-2010). La maladie est prévalente en milieu rural avec 81% des déclarations moyennes de cas de rage entre 2004-2010. D’où le besoin de renforcer la lutte en zone rurale contre cette maladie.

Par ailleurs, la rage constitue encore un problème majeur de santé publique (une moyenne annuelle de 22 cas de rage humaine a été enregistrée entre 2000-2010). D’où la nécessité d’une véritable collaboration intersectorielle qui soit permanente et soutenue.

  1. Programme de lutte

Les grands axes de contrôle de la rage animale ont été décrits dans le cadre de la stratégie de lutte élaborée en 2000 par l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires [ONSSA] (ex. Direction de l’Elevage/Ministère de l’Agriculture). Ces axes portent sur des actions dirigées à la population canine, à savoir :

  • Des mesures médicales, par une vaccination d’au moins 70% des chiens à propriétaire ;
  • Des mesures sanitaires, à travers la gestion des populations des chiens errants (abattage ciblé et continu) ;
  • La mise en place de mesures d’accompagnement à travers notamment une véritable collaboration interministérielle, la mise à jour de la réglementation, des actions régulières de sensibilisation du public, la surveillance épidémiologique régulière de la maladie, la mise en place d’infrastructures et d’équipements appropriés (aménagement de fourrières, mise à niveau des abattoirs et des tueries rurales, clôture des décharges publiques, etc.).
  1. Evaluation des actions de lutte

La lutte contre la rage animale s’inscrit dans le cadre des programmes réguliers des autorités nationales compétentes. L’évaluation des actions de lutte entreprises depuis 2000 pour contrôler la rage animale a montré que cette zoonose continue de sévir à l’état enzootique dans le pays malgré une diminution globale apparente du nombre de nouveaux cas par an (toutes régions confondues) constatée durant la période 2000-2010. Toutefois, les actions réalisées en matière de prophylaxie médicale et sanitaire restent insuffisantes à même d’assurer un contrôle efficace de la maladie et doivent, par conséquent, être renforcées et régulièrement menées en vue d’atteindre les objectifs escomptés.

  1. Contraintes et perspectives

La lutte contre la rage animale fait intervenir plusieurs départements ministériels dont les principaux sont représentés par l’Agriculture, l’Intérieur et la Santé. En dépit de l’existence d’une stratégie de lutte adéquate, les résultats de la mise en œuvre du programme de contrôle de cette zoonose sont insuffisants et la maladie continue de sévir à l’état enzootique au niveau national aussi bien chez l’animal que chez l’Homme.

Plusieurs contraintes sont à l’origine de la persistance de cette maladie, dont les principales sont :

  1. Des mesures insuffisantes en matière de lutte contre la maladie (actions médicales et sanitaires);
  2. La multiplicité des intervenants et une collaboration interministérielle insuffisante, malgré l’existence d’une circulaire interministérielle signée en 2003 entre les trois ministères concernés ;
  3. L’insuffisance des moyens ;
  4. Le manque de sensibilisation de la population à l’importance et la gravité de la rage ;
  5. Une gestion insuffisante des ordures (décharges publiques) et des tueries rurales ;
  6. Une faible connaissance de la socio-écologie de la population canine (en terme de sa dynamique, sa vie sociale, le statut du chien, etc.).

Aussi et considérant que la rage est un problème sectoriel, sa lutte ne peut être que sectorielle. De ce fait, les perspectives d’amélioration de la lutte contre la rage au Maroc se basent sur les points suivants :

  • L’amélioration des infrastructures (tueries rurales, décharges publiques, etc.) ;
  • Le renforcement de la collaboration intersectorielle et la redynamisation des comités provinciaux de lutte contre la rage ;
  • La poursuite et l’intensification des actions de prophylaxie médicale par voie parentérale (vaccination massive des chiens à propriétaire) et une gestion adéquate de la frange errante (élimination ciblée des chiens errants). Dans ce sens, une implication plus active et soutenue des communes dans la lutte contre la rage est souhaitée, y compris en matière de prophylaxie médicale ;
  • Le développement et l’implémentation de la vaccination orale des chiens inaccessibles ou d’accès difficile, comme complément à la vaccination parentérale ;
  • L’éducation et la sensibilisation régulière de la population à la maladie.